Aux racines du travail, des facteurs d’empêchements aux ressources de débat et de créativité

Aux racines du travail, des facteurs d’empêchements aux ressources de débat et de créativité

Jean-Marc est recruté pour diriger une équipe marketing. Le chasseur de tête lui a vendu une ambiance de travail stimulante et autonome. L’entretien de recrutement avec le hiérarchique s’est très bien passé. Et puis, rien ne se passe comme prévu : le hiérarchique continue de s’adresser directement à l’équipe sans impliquer Jean-Marc, il impose son rythme de fonctionnement par à-coups et refuse d’entendre les demandes d’anticipation. Régulièrement il critique Jean-Marc devant les autres. Lorsque que Jean-Marc présente sa lettre de démission au DRH, celui-ci convient de la maltraitance mais c’est comme s’il fallait accepter ce « chef-diva » pour que le travail se fasse. Comment travailler au sein d’une organisation qui protège un management « défaillant » ?
 
Patrick est responsable de faire fusionner trois entités, basées sur trois sites éloignés géographiquement. Tout est à construire : créer la nouvelle organisation, redéfinir les postes, imaginer les modes de fonctionnement entre les sites, mobiliser un nouveau comité de direction. Comment imaginer le prescrit d’une organisation ? Comment fonctionner en équipe sur trois sites ? Comment faire le travail tout en étant constamment en déplacement parce que la vidéoconférence a ses limites ?
 
Eric intègre une nouvelle collaboratrice. Les objectifs, qui ont été donnés à Hélène auparavant, paraissent sous-dimensionnés pour Eric : ils correspondent simplement au travail à faire. Pour l’entretien annuel d’évaluation, sa hiérarchie lui impose de donner une note basse, c’est-à-dire, une sanction, alors même que rien n’a été dit à Hélène. Comment se retrouver sur un même terrain de jeu du travail quand les critères ne sont pas les mêmes ? Comment sortir d’un dilemme de positionnement ?
 
Alors, quand on parle de travail, de l’activité dans le travail, de quoi parle-t-on ? Le travail c’est ce qui émerge, c’est ce qui se tricote dans l’intervalle d’une prescription, d’un engagement pour agir et d’une réalisation. Il y a le travail tel qu’il est commandé, le travail tel qu’on l’idéalise, le travail réel, le travail effectué puis mesuré. Le travail peut être contrarié ou empêché de différentes manières :
- Des conflits de normes, de valeurs mais aussi des différences de perceptions qui ne se disent pas et qui aboutissent à des écarts dans la mise en œuvre
- Des différences de critères de qualité et de résultat. Quand on ne considère pas le travail de la même manière, on ne va pas l’évaluer pas de la même manière
- Des différences de culture, ou l’impossibilité de laisser une place au registre des émotions
- Un différentiel important entre le travail prescrit (une fiche de poste, une organisation du travail, une tâche à réaliser) et la réalité d’un contexte, d’un marché, de ressources et de moyens mis en œuvre, etc.
 
Alors que peut-on faire ? Parler du travail ! Débattre sur le travail. Que représente et en quoi consiste-t-il ? Quels gestes professionnels demande-t-il ? Sur quels critères va-t-on l’évaluer (sur le geste, la qualité du produit ou du service, le résultat de la vente, la satisfaction du client, la performance du chiffre d’affaire…) ? Quelle intention porte cette évaluation ? Quels sont les moyens nécessaires pour opérer ce travail ?
 
Le travail effectué résulte de la résolution d’une multitude de contradictions et de dilemmes du travail, quand chacun se mesure effectivement au réel, en construisant des ajustements créateurs, en impliquant un collectif de travail pour penser et agir en système de travail, au-delà des « bonnes pratiques » ou de certains modèles qui demeurent des prescriptions génériques, parce que chaque situation gardera une part d’unicité.

Psychosociologie | Publié le


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